Par Héloïse Fougeray
Mis à jour le 30 juillet 2024

Sortir d’une SCI : connaître toutes les options

Sortir d'une Société Civile Immobilière (SCI) constitue une démarche complexe qui peut être motivée par diverses raisons : mésentente entre associés, séparation d’un couple ou encore par le besoin de récupérer son apport. Comprendre les différentes modalités de sortie d’une SCI est essentiel pour effectuer les démarches en découlant, de manière légale et efficace. Découvrez en détail les différentes options qui s’offrent à vous.

Quelles sont les raisons de sortie d’une SCI ?

Les raisons pour lesquelles un associé peut vouloir sortir d’une SCI sont nombreuses. Voici quelques motifs courants :

  • Mésentente entre associés : Des divergences d’opinion peuvent rendre la gestion de la SCI difficile.
  • Séparation de couple : Lorsqu’un couple se sépare, la gestion commune d’une SCI peut devenir problématique.
  • Récupération de son apport : Un associé peut vouloir récupérer son investissement initial pour le réinvestir ailleurs.
  • Projets personnels : Des opportunités personnelles ou professionnelles peuvent nécessiter la liquidation des parts de la SCI d’un associé.
  • Transmission patrimoniale : Transmettre ses parts à ses héritiers peut être une option envisagée pour optimiser la succession.

Chaque option comporte des implications juridiques, fiscales et des formalités qu’il convient de bien comprendre avant d’agir.

Bon à savoir : Dans une SCI où les parts sont détenues à parts égales (50/50) par deux associés, une séparation ou un désaccord peut paralyser la prise de décision. Il est essentiel de prévoir des mécanismes de résolution de conflit dans les statuts, comme le recours à un médiateur ou une clause de rachat des parts par l’un des associés.

Quelles sont les modalités de sortie d’une SCI ?

La cession de parts sociales d’une SCI

La cession de parts sociales est l’une des méthodes les plus courantes pour sortir d’une SCI. Ce sont les articles 1861 et suivants du Code civil qui encadrent la cession de parts.

En principe, cette cession :

  • Nécessite l’agrément unanime des autres associés,
  • Sauf dispositions contraires prévues dans les statuts, généralement dans une clause d’agrément.

Voici les étapes principales :

  • Évaluation des parts : Une estimation de la valeur des parts doit être réalisée, souvent par un expert indépendant.
  • Notification du projet de cession : Le projet de cession doit être notifié, avec demande d'agrément aux associés (et à la société si les statuts prévoient que l'agrément peut être accordé par les gérants).
  • Refus ou acceptation du nouvel associé : Soit la cession est validée en assemblée générale par les associés, soit les associés refusent. Dans ce dernier cas, les associés doivent proposer un associé ou racheter eux-mêmes les parts de l’associé cédant.
  • Acte de cession : La cession doit être formalisée par un acte écrit, signé par le cédant et le cessionnaire.
  • Enregistrement : La cession doit être enregistrée auprès des services fiscaux pour le paiement des droits d’enregistrement, puis transcrite au registre des mouvements de titres de la SCI et au greffe du tribunal de commerce.

Bon à savoir : La procédure de cession diffère selon la qualité du cessionnaire :

  • Aucun agrément n’est requis pour les descendants ou ascendants ;
  • Si deux époux sont membres d’une SCI et se cèdent des parts, la cession doit être formalisée par un acte notarié ou un acte sous seing privé ayant acquis une date certaine (autre que par le décès du cédant).

La donation des parts sociales d’une SCI

La donation de parts sociales permet de transmettre ses parts à un autre associé ou à un tiers, souvent dans un cadre familial.

La donation à un membre de sa famille présente des avantages fiscaux, notamment en matière de droits de donation. Pour que la donation soit valable, elle doit être effectuée par acte notarié et enregistrée auprès des services fiscaux. Tout ce qui est donné par la SCI n’est pas soumis, par la suite, à des droits de succession.

Bon à savoir : Il est possible de faire une donation exonérée de droits de mutation, dans la limite de 100 000€ par enfant et par parent, une fois tous les 15 ans. Renseignez-vous sur les règles de succession en SCI pour transmettre votre patrimoine de façon optimale à vos héritiers.

L’exercice du droit de retrait en SCI

L’exercice du droit de retrait permet à un associé de récupérer la valeur de ses apports. Dans ce cas, il ne bénéficie pas des potentielles plus-values.

Cette démarche nécessite l’approbation à l'unanimité des autres associés, sauf si les statuts prévoient d’autres modalités de vote.

 

En cas de refus, l’associé peut saisir la justice, pour obtenir son retrait pour justes motifs, qu’il devra prouver.

Bon à savoir : Le droit de retrait est souvent utilisé en cas de désaccord profond ou de mésentente entre les associés. Toutefois, une SCI doit avoir au moins deux associés. Une SCI avec un seul associé est donc impossible. La SCI risquerait la dissolution, sauf si un nouvel associé est intégré rapidement.

La dissolution de la SCI

En cas de mésentente grave, la dissolution anticipée de la SCI peut être envisagée, selon l’article 1844-7 du Code civil. La dissolution peut être volontaire, décidée en assemblée générale par l’ensemble des associés, ou judiciaire (prononcée par un tribunal).

Les étapes clés de la dissolution sont les suivantes :

  • Réunion en assemblée générale : Les associés votent la dissolution.
  • Nomination d’un liquidateur : Un liquidateur est nommé pour gérer la liquidation des actifs.
  • Paiement des dettes : Le liquidateur vend les biens de la SCI et paye les créanciers.
  • Partage du solde : Le solde est réparti entre les associés selon leurs parts sociales.

Sortir d’une SCI : les formalités à réaliser impérativement

Il est nécessaire en cas de départ d’un associé de SCI de :

  1. Organiser une assemblée générale pour prendre une décision et l’acter par écrit.
  2. Mettre à jour les statuts de la SCI pour refléter les changements dans la composition des associés.
  3. Toutes les démarches de cession, donation, retrait ou dissolution doivent être enregistrées auprès du greffe du tribunal de commerce.
  4. Le changement dans le capital social doit être également enregistré auprès du SIE (Service des impôts des entreprises).
  5. La publication d’une annonce légale au sein d’un journal habilité doit être réalisée pour informer les tiers de ce changement. Pour vous aider à la rédiger, vous pouvez vous inspirer de notre modèle d'annonce légale de dissolution anticipée.

 

Conclusion

Sortir d’une SCI nécessite de suivre des démarches précises et de respecter les statuts de la société. Que ce soit par cession, donation, retrait ou dissolution, chaque modalité a ses propres implications juridiques et fiscales. Il est souvent conseillé de se faire accompagner par un professionnel pour optimiser cette transition et s’assurer que toutes les formalités sont correctement accomplies.

FAQ sur la sortie d’un associé d’une SCI

Peut-on obliger les autres associés à racheter ses parts ?

Non, il n’est pas possible d’obliger les autres associés à racheter ses parts, sauf si une clause statutaire le prévoit ou si un agrément de l’assemblée est refusé. Les statuts de la SCI peuvent contenir des dispositions spécifiques concernant la cession et le rachat des parts en SCI.

Comment dissoudre une SCI familiale pour mésentente ?

Mettre fin à une SCI familiale pour mésentente est possible en sollicitant une dissolution judiciaire pour justes motifs, tels que des désaccords persistants affectant le fonctionnement de la SCI. Une médiation peut également être envisagée avant d’engager des procédures judiciaires.

 

Peut-on être associé unique d’une SCI ?

Non, la SCI doit compter au moins deux associés sous peine de dissolution. Si un seul associé reste, un nouvel associé doit être intégré rapidement pour éviter la dissolution. Cette exigence vise à préserver le caractère civil et non commercial de la société. Intégrer un nouvel associé, dans un délai d’un an, est crucial pour pouvoir continuer à bénéficier des avantages spécifiques de la SCI (notamment son régime fiscal avantageux concernant la transmission du patrimoine à ses héritiers).

Comment calculer la valeur de ses parts dans une SCI ?

La valeur des parts dans une SCI est calculée en évaluant les actifs et passifs de la société. Cette évaluation peut nécessiter l’intervention d’un expert pour déterminer la valeur nette des parts. La méthode de valorisation doit être objective et refléter la situation financière réelle de la SCI.

Comment sortir d’une SCI en cas de décès d’un associé ?

Lors du décès d’un associé, ses parts sont transmises à ses héritiers. Il est crucial de vérifier les statuts de la SCI, car ceux-ci peuvent prévoir le rachat des parts par les associés survivants en cas de non-agrément des héritiers. Pour une SCI familiale, les parts de l’associé décédé peuvent être redistribuées entre les autres associés selon l’ordre de succession. Les statuts peuvent également stipuler que la SCI continue avec les associés survivants.

Combien coûte la sortie d’une SCI ?

Droit de retrait :

  • Modification des statuts : Enregistrement auprès des impôts et du greffe du tribunal de commerce.
  • Coût : Environ 250 €, plus si un professionnel est engagé.

Cession des parts :

  • Droit d’enregistrement : 5 % du prix de l’opération.
  • Formalités au greffe nécessaires.

Dissolution de la SCI :

  • Déclaration au greffe obligatoire.
  • Paiement d'une flat tax sur les revenus des capitaux mobiliers.

Des coûts additionnels peuvent s’ajouter, notamment en cas de recours à un prestataire pour faire les démarches à la place du gérant. Des frais de comptabilité peuvent aussi intervenir, notamment pour clôturer le bilan. En plus, le coût de publication au sein d’un journal d’annonces légales (JAL) habilité est à prévoir.

L’associé entrant sera, en outre, imposé au titre des plus-values immobilières (impôt sur le revenu). Le taux applicable est de 19 %, avec des prélèvements sociaux supplémentaires à hauteur de 17,2 %.