Par Gaetan Inserra
Mis à jour le 13 décembre 2024

La Société Civile Immobilière (SCI)

La Société Civile Immobilière (SCI) est une structure juridique qui permet à plusieurs personnes, qu'il s'agisse de particuliers ou de professionnels, de détenir et gérer un patrimoine immobilier commun. La SCI est très prisée pour sa souplesse et ses avantages, que ce soit pour transmettre un bien immobilier ou pour structurer un projet immobilier. Cependant, elle nécessite au minimum deux associés pour être créée.

Les différentes formes de SCI

La SCI peut s’adapter à diverses situations grâce à ses multiples déclinaisons :

  1. SCI Familiale : Elle est largement répandue et utilisée principalement pour faciliter la gestion et la transmission de biens immobiliers au sein d’une même famille. Elle permet de structurer un patrimoine familial tout en optimisant la fiscalité liée à la donation et à la succession.
  2. SCI de Gestion : Ce type de SCI est utilisé pour acheter, louer ou gérer un patrimoine immobilier sans objectif commercial, ce qui correspond à l’essence même d’une société civile.
  3. SCI de Construction-Vente (SCCV) : Elle est destinée principalement aux promoteurs immobiliers. Ce type de SCI permet de construire un bien immobilier dans le but de le revendre immédiatement après sa réalisation.

Le capital social dans une SCI

Le capital social d’une SCI est une composante essentielle de sa structure. Il représente la différence entre la valeur des biens immobiliers détenus par la société et ses dettes sociales, telles que les emprunts bancaires ou les comptes courants associés.

Les caractéristiques du capital

Le capital social peut être fixe ou variable :

  • Capital fixe : Une fois établi, il ne peut être modifié qu’en respectant des formalités juridiques strictes, comme une modification des statuts.
  • Capital variable : Ce type de capital est plus flexible et permet d’ajouter ou de retirer des fonds sans modifier les statuts. Les statuts de la SCI définissent alors un capital minimal et maximal, offrant une souplesse intéressante pour intégrer de nouveaux associés.

La notion de « force » du capital

La solidité financière de la SCI est mesurée par le niveau d’endettement lié à l’acquisition de biens immobiliers :

  • Capital faible : La société présente un endettement important, souvent lié à des emprunts pour financer les acquisitions.
  • Capital fort : La SCI dispose d’un faible endettement ou est entièrement financée par des apports en fonds propres.

L’objet social de la SCI

L’objet social d’une SCI détermine les activités pour lesquelles elle est constituée. Il est principalement centré sur la gestion et la valorisation d’un patrimoine immobilier. Les activités concernées incluent :

  • L’acquisition de biens immobiliers ;
  • La location de ces biens à des tiers, à titre gratuit ou onéreux ;
  • La gestion, l’entretien et la rénovation des biens détenus ;
  • Toutes autres activités connexes nécessaires à la bonne gestion du patrimoine immobilier.

L’objet social doit être clairement défini dans les statuts, car il constitue le cadre légal dans lequel la société peut opérer.

Les associés et dirigeants de la SCI

Les associés d’une SCI peuvent être des personnes physiques ou morales, et leur nombre doit être d’au moins deux. Toutefois, la loi n’impose pas de limite supérieure quant au nombre d’associés. Ces derniers peuvent inclure :

  • Des personnes physiques (majeurs ou mineurs, avec l’accord de leur représentant légal) ;
  • Des personnes morales, comme d’autres entreprises ou associations.

Un associé peut temporairement rester seul en cas de retrait ou décès des autres associés, mais la loi impose de régulariser cette situation dans un délai d’un an.

La responsabilité des associés est illimitée mais non solidaire, ce qui signifie que chaque associé répond des dettes de la SCI proportionnellement à sa part dans le capital social. Par exemple, un associé détenant 25 % des parts ne sera tenu responsable que dans cette proportion.

Les dirigeants de la SCI

Le gérant d’une SCI est désigné pour représenter la société et assurer sa gestion quotidienne. Le gérant peut être une personne physique ou morale, associé ou non de la SCI.

Sa nomination est prévue dans les statuts ou par un acte séparé. Les associés peuvent également décider de nommer ou révoquer un gérant en assemblée générale. Les pouvoirs du gérant, comme la signature d’actes importants (vente de biens, signature d’un bail, etc.), doivent être définis par les statuts pour éviter tout abus.

Bon à savoir : Dans une SCI à capital variable, il est possible que certains associés ne figurent pas sur les statuts et restent anonymes, ce qui peut présenter des avantages de confidentialité.

Le statut social des dirigeants

Le statut social des gérants d'une SCI dépend principalement de leur lien avec la société et des modalités de leur rémunération. Voici les cas de figure possibles :

  1. Gérant associé
    Le gérant associé, s’il est rémunéré pour ses fonctions, est affilié à la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI). Cette affiliation remplace l'ancien régime social des indépendants (RSI), désormais intégré à la Sécurité Sociale depuis 2020.
    Si le gérant associé n’est pas rémunéré, il n’est affilié à aucun régime social, car il ne perçoit pas de revenus au titre de sa fonction.
  2. Gérant non associé
    Le gérant non associé peut relever de deux situations :
    • Avec un contrat de travail signé avec la SCI : Dans ce cas, il est affilié au régime général des salariés. Cela suppose toutefois l’existence d’un lien de subordination entre le gérant et la société, ce qui peut être rare en pratique dans le cadre d’une SCI.
    • Sans contrat de travail : Si le gérant perçoit une rémunération sans qu’il ait signé de contrat de travail, il est alors affilié à la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI).
  3. Gérant non rémunéré
    Si le gérant, qu’il soit associé ou non, ne perçoit aucune rémunération pour ses fonctions, il n’est affilié à aucun régime social. En l’absence de rémunération, ses fonctions ne génèrent ni droits sociaux ni obligations de cotisations.

Rémunération et obligations sociales

Le choix de rémunérer ou non le gérant dépend de la volonté des associés et des besoins de la SCI. Toutefois, il est essentiel de noter que la rémunération d’un gérant entraîne des obligations sociales et fiscales pour la société :

  • Cotisations sociales : Si le gérant est rémunéré, des cotisations sociales sont dues en fonction de son régime d’affiliation (SSI ou régime général). Ces cotisations sont à la charge de la SCI.
  • Charges déductibles : La rémunération et les charges sociales associées peuvent être déductibles des résultats imposables de la SCI si elle est soumise à l'impôt sur les sociétés (IS).

Importance des statuts

Les statuts de la SCI doivent prévoir clairement :

  • Les modalités de désignation et de révocation du gérant ;
  • Les conditions de rémunération éventuelle (fixe ou variable) ;
  • Les limites de ses pouvoirs (signature de contrats, achat ou vente de biens, etc.).

Ces dispositions permettent d’encadrer le rôle du gérant et d’éviter tout litige entre les associés.

La prise de décision au sein de la SCI

Les décisions importantes concernant la SCI, comme l’achat ou la vente d’un bien immobilier, nécessitent l’accord des associés. Les modalités de prise de décision (majorité simple, majorité renforcée, unanimité) sont définies dans les statuts.

Il est également possible de préciser dans les statuts les limites des pouvoirs du gérant, afin de s’assurer qu’il consulte les associés pour les décisions stratégiques.

Le régime fiscal des SCI

Le régime fiscal applicable à une SCI dépend de ses caractéristiques et de ses choix fiscaux. Par défaut, les SCI sont soumises à l’impôt sur le revenu (IR), mais elles peuvent opter pour l’impôt sur les sociétés (IS).

Impôt sur le revenu (IR)

Dans ce régime, les résultats de la SCI sont directement imposés entre les mains des associés, proportionnellement à leurs parts dans la société. Chaque associé déclare les revenus ou les déficits de la SCI dans sa déclaration fiscale personnelle.

Ce régime est particulièrement adapté aux SCI familiales et aux SCI dont l’objectif est la gestion locative, car il permet aux associés de bénéficier d’un régime fiscal avantageux.

Impôt sur les sociétés (IS)

La SCI peut opter pour l’IS, ce qui implique que les bénéfices réalisés par la société sont imposés directement à son niveau. Cependant, les dividendes distribués aux associés sont ensuite soumis à l’imposition sur le revenu, ce qui peut entraîner une double imposition.

L’option pour l’IS peut être intéressante pour les SCI qui génèrent des revenus élevés, car elle permet d’amortir les biens immobiliers dans les comptes de la société, réduisant ainsi le bénéfice imposable.

Les avantages de la SCI

La SCI présente plusieurs avantages qui en font une structure plébiscitée pour la gestion immobilière :

  1. Transmission facilitée du patrimoine : La SCI permet de transmettre un patrimoine immobilier en plusieurs étapes grâce à des donations successives de parts sociales. Cette méthode permet de bénéficier de l’abattement de 100 000 € par enfant et par parent, renouvelable tous les 15 ans.
  2. Gestion simplifiée : Les biens immobiliers sont détenus par la SCI, et les décisions relatives à leur gestion sont prises par les associés. Cela facilite la répartition des charges et la prise de décisions.
  3. Séparation entre patrimoine personnel et professionnel : Pour les entrepreneurs ou professionnels, la SCI permet de dissocier leur patrimoine immobilier de leur activité professionnelle, réduisant ainsi les risques en cas de difficultés financières.

Les inconvénients de la SCI

Malgré ses nombreux avantages, la SCI présente également quelques inconvénients :

  1. Responsabilité illimitée des associés : En cas de dettes, les créanciers peuvent se tourner vers les associés pour réclamer le remboursement, dans la limite de leurs parts.
  2. Complexité administrative : La création et la gestion d’une SCI impliquent des formalités juridiques et fiscales qui peuvent être complexes (rédaction des statuts, assemblées générales, tenue des comptes, etc.).
  3. Fiscalité sur les plus-values : La vente de biens immobiliers détenus par une SCI peut entraîner une imposition sur les plus-values immobilières, particulièrement si la SCI est soumise à l’IR.

Conclusion

La SCI est une structure juridique flexible et avantageuse pour acquérir, gérer, et transmettre un patrimoine immobilier. Qu’elle soit utilisée à des fins familiales ou professionnelles, elle offre de nombreuses possibilités pour optimiser la gestion et la fiscalité des biens immobiliers. Toutefois, sa création nécessite une réflexion approfondie et une rédaction minutieuse des statuts pour éviter toute difficulté future.