Par Laurence Kermorgant
Mis à jour le 08 décembre 2025

Seuils de nomination d’un commissaire aux comptes : comprendre les règles légales

La désignation d’un commissaire aux comptes (CAC) devient obligatoire lorsque l’entreprise franchit certains seuils de taille ou appartient à une catégorie soumise à un contrôle légal. Cette fiche rassemble les principaux seuils et situations dans lesquelles la nomination d’un CAC s’impose, afin de vous aider à déterminer clairement si votre structure est concernée.

À retenir

  • La loi impose la nomination d’un commissaire aux comptes lorsque l’entreprise dépasse deux des trois seuils applicables à sa catégorie (bilan, chiffre d’affaires, effectif).
  • Pour les sociétés commerciales, les seuils légaux en vigueur sont fixés à 5 M€ de total du bilan, 10 M€ de chiffre d’affaires hors taxes et 50 salariés.
  • Pour les sociétés contrôlées (filiales, sociétés de groupe), des seuils abaissés s’appliquent : 2,5 M€ de bilan, 5 M€ de chiffre d’affaires et 25 salariés.
  • Certaines structures sont obligatoirement contrôlées par un CAC même sans dépasser ces seuils généraux (associations subventionnées, SEML, certaines entités financières, organismes de formation privés…).

Quand la nomination d’un commissaire aux comptes devient-elle obligatoire ?

La désignation d’un commissaire aux comptes n’est pas réservée aux grandes entreprises. Elle devient obligatoire dès que l’entreprise dépasse certains seuils de taille ou lorsque la loi prévoit un contrôle légal spécifique en raison de la forme sociale, de l’activité exercée ou du niveau de financement public.

Trois grandes situations peuvent conduire à la nomination obligatoire d’un CAC :

  • l’entreprise franchit les seuils généraux applicables aux sociétés commerciales ;
  • elle fait partie d’un groupe ou d’une structure contrôlée soumise à des seuils abaissés ;
  • elle relève d’une catégorie réglementée (certaines associations, SEML, organismes de formation, entités d’intérêt public, etc.), pour lesquelles la nomination d’un CAC est imposée indépendamment du niveau d’activité.

Seuils légaux pour les sociétés commerciales

Les sociétés commerciales dites “indépendantes” doivent nommer un commissaire aux comptes lorsqu’elles dépassent, à la clôture de l’exercice, deux des trois seuils suivants. Il s’agit des structures qui ne sont pas elles-mêmes contrôlées par une autre entité.

Ces seuils résultent des dispositions issues de la loi Pacte et de leur mise à jour par le décret n° 2024-152 du 28 février 2024, qui a relevé les seuils applicables aux sociétés commerciales.

Critère Seuil légal en vigueur
Total du bilan 5 000 000 €
Chiffre d’affaires hors taxes 10 000 000 €
Effectif moyen 50 salariés

Sont notamment concernées les SAS, SASU, SARL, EURL, SNC, SCS, SCA et, plus largement, les sociétés commerciales qui ne relèvent pas d’un autre régime spécifique.

L’analyse des seuils se fait sur la base des comptes de l’entreprise. Lorsque les textes le prévoient, le franchissement est apprécié sur deux exercices consécutifs.

Seuils applicables aux sociétés contrôlées

Les sociétés dites “contrôlées” (filiales, sociétés appartenant à un groupe) sont soumises à des seuils plus bas. L’objectif est de tenir compte du fait qu’elles s’inscrivent dans un ensemble plus large et que l’information financière du groupe doit être sécurisée.

Critère Seuil spécifique aux sociétés contrôlées
Total du bilan 2 500 000 €
Chiffre d’affaires hors taxes 5 000 000 €
Effectif moyen 25 salariés

Une société est considérée comme contrôlée lorsqu’une autre entité détient une influence déterminante sur ses décisions (contrôle exclusif, conjoint, détention majoritaire, etc.). Dès lors que deux de ces trois seuils sont dépassés, la nomination d’un commissaire aux comptes est requise.

Exemple rapide

Une filiale qui emploie 30 salariés et réalise 6 M€ de chiffre d’affaires, même avec un total de bilan relativement limité, dépasse déjà deux seuils (effectif et chiffre d’affaires) : elle doit donc désigner un commissaire aux comptes.

Structures soumises à l’obligation sans seuils généraux

Au-delà des sociétés commerciales, certaines structures doivent désigner un commissaire aux comptes en raison de leur statut, de leurs financements ou de leur rôle économique, même si elles ne dépassent pas les seuils généraux évoqués plus haut.

Associations et fondations

De nombreuses associations et fondations doivent nommer un commissaire aux comptes lorsque leurs ressources atteignent un certain niveau, notamment en cas de subventions ou de dons importants. Un seuil fréquemment rencontré est celui de 153 000 € de subventions publiques ou de dons.

D’autres textes imposent un CAC à certaines catégories spécifiques (associations reconnues d’utilité publique, fondations, etc.), indépendamment du franchissement d’un seuil.

Organismes de formation privés

Les organismes de formation privés peuvent être tenus de désigner un commissaire aux comptes, notamment lorsqu’ils perçoivent des financements publics significatifs ou répondent à des critères réglementaires particuliers. Le CAC apporte alors une garantie sur l’utilisation des fonds et la fiabilité des informations financières transmises.

SEML et autres entités spécifiques

Les sociétés d’économie mixte locales (SEML) ainsi que certaines entités intervenant dans des secteurs réglementés sont soumises à un contrôle légal obligatoire. La nomination d’un CAC y est imposée du fait de la nature de leur activité et de l’enjeu que représente la transparence financière pour les collectivités et les partenaires publics.

Entités d’intérêt public

Certaines entités considérées comme d’intérêt public (établissements de crédit, entreprises d’assurance, sociétés cotées, etc.) doivent désigner un commissaire aux comptes quels que soient leurs niveaux de chiffre d’affaires ou d’effectif. Dans ces structures, la mission d’audit légal joue un rôle central dans la confiance accordée par les investisseurs et le marché.

Comptes consolidés et double commissariat aux comptes

Lorsque le groupe établit des comptes consolidés, les textes peuvent imposer la nomination de deux commissaires aux comptes. Ce “double commissariat” vise à renforcer le niveau de contrôle et à sécuriser l’information financière publiée au niveau du groupe.

Les obligations exactes dépendent de la forme du groupe, de sa taille et de la nature des entités concernées. Dans tous les cas, la présence d’un CAC (ou de plusieurs) facilite le dialogue avec les banques, investisseurs et partenaires, en particulier lors d’opérations de croissance ou de restructuration.

Dans certains cas de transformation de société, une intervention spécifique peut également être requise : commissariat à la transformation .

Nomination statutaire, décision des associés ou choix volontaire

L’obligation de désigner un commissaire aux comptes ne découle pas uniquement des seuils légaux. Elle peut également résulter des statuts, d’une décision des associés ou d’un choix volontaire de la direction.

  • Nomination statutaire : les statuts peuvent imposer la désignation d’un CAC dès la création de la société ou à partir d’un certain niveau d’activité, même si les seuils généraux ne sont pas atteints.
  • Décision des associés : une fraction du capital peut demander la nomination d’un commissaire aux comptes afin de renforcer le contrôle et la transparence.
  • Nomination volontaire : l’entreprise peut choisir de se doter d’un CAC pour sécuriser ses comptes, rassurer ses partenaires financiers ou préparer une levée de fonds.

Dans ces cas, la mission du commissaire aux comptes reste la même. Seule la durée du mandat peut varier, notamment en cas de nomination volontaire.

Comprendre l’intérêt concret d’un commissaire aux comptes

Au-delà du simple respect des seuils, le CAC apporte une véritable valeur ajoutée en matière de fiabilité des comptes, de dialogue avec les partenaires financiers et de prévention des difficultés. Pour mieux comprendre sa mission et ses apports, vous pouvez consulter notre fiche dédiée au rôle du CAC .

Que faire si votre entreprise dépasse les seuils ?

Si, au vu de vos comptes, vous constatez que votre entreprise dépasse les seuils applicables à sa catégorie ou relève d’une situation de contrôle légal obligatoire, vous devez procéder à la nomination d’un commissaire aux comptes dans les règles.

La démarche suppose notamment :

  • de vérifier précisément les seuils et la situation juridique de votre structure ;
  • de choisir un commissaire aux comptes inscrit sur la liste officielle ;
  • de faire voter la nomination selon les modalités prévues par la loi ou les statuts (assemblée, décision de l’associé unique, etc.) ;
  • de accomplir les formalités de publicité et de dépôt via le guichet unique des formalités d’entreprises.
Étapes suivantes
  • 1. Vérifier que l’obligation de nommer un CAC est bien caractérisée au regard des seuils et de votre situation.
  • 2. Organiser la décision de nomination (assemblée, PV, mise à jour des statuts si nécessaire).
  • 3. Réaliser les formalités de publicité et de dépôt.
  • Pour un déroulé complet de la procédure consulter la fiche : procédure de nomination d’un commissaire aux comptes .
Références
  • Légifrance – décret n° 2024-152 du 28 février 2024