Par Gaetan Inserra
Mis à jour le 18 décembre 2025

La Société Civile Immobilière (SCI) : fonctionnement, associés, fiscalité

La Société Civile Immobilière (SCI) est une structure juridique qui permet à plusieurs personnes, qu’il s’agisse de particuliers ou de professionnels, de détenir et gérer un patrimoine immobilier commun. Très prisée pour sa souplesse, la SCI est souvent utilisée pour transmettre un bien immobilier ou pour structurer un projet immobilier, mais elle obéit à des règles spécifiques qu’il est important de bien comprendre.

Qu’est-ce qu’une SCI ?

La SCI est une société civile dont l’objet principal est la détention et la gestion d’un ou plusieurs biens immobiliers. Les associés mettent en commun des apports (numéraires ou en nature) et reçoivent en contrepartie des parts sociales qui reflètent leur participation dans le patrimoine détenu par la société.

  • Statut : société civile immobilière
  • Associés : au moins 2 personnes physiques ou morales
  • Responsabilité : illimitée mais non solidaire, proportionnelle aux parts
  • Capital : librement fixé, capital fixe ou variable
  • Régime fiscal par défaut : impôt sur le revenu (IR), option possible pour l’IS

Bon à savoir : la SCI nécessite au minimum deux associés pour être créée. Un associé peut rester temporairement seul (retrait ou décès des autres), mais la situation doit être régularisée dans l’année.

Les différentes formes de SCI

La SCI peut s’adapter à diverses situations grâce à plusieurs déclinaisons, chacune répondant à des objectifs spécifiques.

SCI familiale

La SCI familiale est largement répandue et utilisée principalement pour faciliter la gestion et la transmission de biens immobiliers au sein d’une même famille. Elle permet de structurer un patrimoine familial tout en optimisant la fiscalité liée à la donation et à la succession.

SCI de gestion

La SCI de gestion est utilisée pour acheter, louer ou gérer un patrimoine immobilier sans objectif commercial, ce qui correspond à l’essence même d’une société civile. Elle est adaptée à la détention de biens locatifs (habitation, bureaux, locaux mixtes, etc.).

SCI de construction-vente (SCCV)

La SCI de construction-vente, souvent appelée SCCV, est destinée principalement aux opérations de promotion immobilière. Elle permet de construire un bien immobilier dans le but de le revendre immédiatement après sa réalisation.

Le capital social de la SCI

Le capital social d’une SCI est une composante essentielle de sa structure. Il correspond aux apports réalisés par les associés (en numéraire ou en nature) lors de la constitution ou au cours de la vie de la société. Il se distingue des capitaux propres, qui représentent la différence entre la valeur des biens détenus par la société et ses dettes (emprunts, comptes courants d’associés, etc.).

Capital fixe ou capital variable

  • Capital fixe : une fois établi, il ne peut être modifié qu’en respectant des formalités juridiques strictes (décision des associés, modification des statuts, publication, etc.).
  • Capital variable : plus flexible, il permet d’ajouter ou de retirer des fonds sans modifier les statuts, dans une fourchette « plancher / plafond » prévue par ces derniers. C’est une solution pratique pour faire entrer ou sortir des associés.

La notion de « force » du capital

La solidité financière de la SCI est liée à son niveau d’endettement :

  • Capital « faible » : la société présente un endettement important, souvent lié à des emprunts pour financer les acquisitions immobilières.
  • Capital « fort » : la SCI dispose d’un faible endettement ou est principalement financée par des apports en fonds propres.

L’objet social de la SCI

L’objet social d’une SCI détermine les activités pour lesquelles elle est constituée. Il est principalement centré sur la gestion et la valorisation d’un patrimoine immobilier. Les activités concernées incluent notamment :

  • l’acquisition de biens immobiliers ;
  • la location de ces biens à des tiers, à titre gratuit ou onéreux ;
  • la gestion, l’entretien et la rénovation des biens détenus ;
  • toutes autres activités connexes nécessaires à la bonne gestion du patrimoine immobilier.

L’objet social doit être clairement défini dans les statuts, car il constitue le cadre légal dans lequel la société peut opérer. Des activités à caractère commercial (achat pour revente habituelle, par exemple) relèvent plutôt de structures commerciales et peuvent remettre en cause le caractère civil de la SCI.

Associés et gérance de la SCI

Les associés de la SCI

Les associés d’une SCI peuvent être des personnes physiques ou morales, et leur nombre doit être d’au moins deux. La loi n’impose pas de limite supérieure au nombre d’associés. Ils peuvent être :

  • des personnes physiques (majeures ou mineures, avec l’accord du représentant légal) ;
  • des personnes morales (autres sociétés, associations, etc.).

La responsabilité des associés est illimitée mais non solidaire : chacun répond des dettes de la SCI proportionnellement à sa part dans le capital social. Un associé détenant 25 % des parts ne sera, en principe, tenu responsable qu’à hauteur de cette quote-part.

Le gérant de SCI

Le gérant d’une SCI est désigné pour représenter la société et assurer sa gestion quotidienne. Il peut être une personne physique ou morale, associée ou non de la SCI. Sa nomination est prévue dans les statuts ou par un acte séparé.

Les associés peuvent décider de nommer ou de révoquer le gérant en assemblée générale. Les statuts doivent définir ses pouvoirs (signature des baux, vente de biens, emprunts, etc.) afin d’éviter les abus et les contestations.

Bon à savoir : dans une SCI à capital variable, certains associés peuvent ne pas figurer sur les statuts et rester anonymes, ce qui peut présenter des avantages de confidentialité.

Statut social et rémunération du gérant

Le statut social du gérant dépend de sa qualité (associé ou non) et de l’existence d’une rémunération :

  • Gérant associé rémunéré : affilié en principe à la Sécurité sociale des indépendants (SSI).
  • Gérant associé non rémunéré : pas d’affiliation spécifique liée à son mandat (pas de cotisations, pas de droits sociaux au titre de la gérance).
  • Gérant non associé avec contrat de travail : peut relever du régime général des salariés, à condition qu’un véritable lien de subordination existe (situation plutôt rare en pratique).
  • Gérant non associé rémunéré sans contrat de travail : affilié en principe à la SSI.

La rémunération du gérant entraîne des obligations sociales et fiscales pour la SCI (cotisations sociales, déclarations). Sous certaines conditions, ces charges peuvent être déductibles du résultat imposable si la SCI est soumise à l’impôt sur les sociétés.

Prise de décision au sein de la SCI

Les décisions importantes (acquisition ou vente d’un bien, travaux lourds, modification des statuts, etc.) sont prises par les associés. Les statuts fixent les règles de majorité : majorité simple, majorité renforcée ou unanimité selon la nature des décisions.

Ils peuvent également prévoir les actes que le gérant peut accomplir seul et ceux pour lesquels il doit obtenir l’accord préalable des associés.

Le régime fiscal des SCI

Le régime fiscal applicable à une SCI dépend de ses caractéristiques et des choix effectués par les associés. Par défaut, la SCI est « translucide » et relève de l’impôt sur le revenu, mais une option pour l’impôt sur les sociétés est possible.

SCI soumise à l’impôt sur le revenu (IR)

Par défaut, les résultats de la SCI sont imposés directement entre les mains des associés, proportionnellement à leurs parts. Chacun déclare dans sa propre déclaration de revenus la quote-part de bénéfices (ou de déficit) correspondant à sa participation.

Ce régime est particulièrement adapté aux SCI familiales et aux SCI de gestion locative, notamment lorsque les associés souhaitent bénéficier du régime des revenus fonciers ou de certaines déductions (intérêts d’emprunt, travaux, charges).

SCI soumise à l’impôt sur les sociétés (IS)

La SCI peut opter pour l’IS. Dans ce cas, les bénéfices sont imposés au niveau de la société, puis les dividendes éventuellement distribués aux associés sont imposés entre leurs mains, ce qui peut entraîner une double imposition.

L’option pour l’IS peut être intéressante lorsque la SCI génère des revenus importants ou porte des projets très financés par emprunt, car elle permet d’amortir les biens immobiliers dans les comptes de la société et de lisser le résultat imposable.

Avantages et limites de la SCI

Atouts Points de vigilance
Transmission facilitée du patrimoine Responsabilité illimitée des associés
Gestion centralisée des biens immobiliers Formalisme juridique et comptable plus lourd qu’en détention directe
Possible séparation patrimoine perso / pro Fiscalité des plus-values à anticiper (IR ou IS)

Les avantages de la SCI

  • Transmission facilitée du patrimoine : la SCI permet de transmettre un patrimoine immobilier en plusieurs étapes grâce à des donations successives de parts sociales (avec utilisation des abattements applicables).
  • Gestion simplifiée : les biens immobiliers sont détenus par la SCI, et les décisions de gestion sont prises par les associés selon des règles fixées dans les statuts, ce qui facilite la répartition des charges et l’organisation des travaux.
  • Séparation des patrimoines : pour un entrepreneur ou un professionnel, la SCI permet de dissocier la détention des murs de l’activité professionnelle, et d’organiser par exemple une location entre la SCI et la société d’exploitation.

Les inconvénients de la SCI

  • Responsabilité illimitée des associés : même si elle est proportionnelle aux parts, les créanciers peuvent, en cas d’insuffisance d’actif, se tourner vers les associés.
  • Complexité administrative : la création et la gestion d’une SCI impliquent des formalités juridiques (statuts, assemblées, décisions écrites) et fiscales plus lourdes qu’une simple détention en direct.
  • Fiscalité des plus-values : la vente de biens détenus par la SCI peut générer une imposition sur les plus-values, dont les règles diffèrent selon que la SCI est à l’IR ou à l’IS.

En résumé

  • La SCI est une structure souple pour acquérir, gérer et transmettre un patrimoine immobilier à plusieurs.
  • Les associés ont une responsabilité illimitée mais non solidaire, proportionnelle à leurs parts.
  • Le capital est librement fixé et peut être fixe ou variable selon les besoins d’entrée et de sortie d’associés.
  • La SCI est par défaut imposée à l’IR, avec option possible pour l’IS selon le projet et la stratégie patrimoniale.
  • Une rédaction soignée des statuts est essentielle pour encadrer la gérance, la prise de décision et la fiscalité.

FAQ sur la SCI

Combien faut-il d’associés pour créer une SCI ?

Une SCI doit compter au moins deux associés, personnes physiques ou morales. En cas de départ ou de décès d’un associé, la situation doit être régularisée dans l’année si un seul associé reste en place.

Les associés sont-ils responsables des dettes de la SCI ?

Oui, la responsabilité des associés est illimitée mais non solidaire. Chacun est tenu des dettes à proportion de sa participation dans le capital social.

Une SCI est-elle toujours imposée à l’IR ?

Par défaut, la SCI relève de l’impôt sur le revenu : les associés sont imposés sur leur quote-part de résultat. Il est toutefois possible d’opter pour l’impôt sur les sociétés, ce qui modifie la manière dont les bénéfices et plus-values sont imposés.

À quoi sert une SCI familiale ?

La SCI familiale est utilisée pour détenir et gérer un patrimoine immobilier au sein d’une même famille. Elle facilite la transmission (donations de parts, organisation de l’indivision) et la gestion des biens (décisions centralisées, répartition des charges).

Pour une analyse détaillée de ce qui se passe en cas de décès d’un associé (droits des héritiers, clauses d’agrément, indivision sur les parts…), consultez notre fiche dédiée aux règles de succession en SCI.

Faut-il tenir une comptabilité pour une SCI ?

Oui, la SCI doit assurer un minimum de suivi comptable (suivi des recettes, dépenses, comptes courants d’associés). Les obligations se renforcent si elle opte pour l’IS ou si l’activité devient importante, ce qui peut justifier l’accompagnement par un professionnel.

Pour aller plus loin : pour les raisons de création et les situations typiques où la SCI est particulièrement adaptée (famille, entrepreneurs, investisseurs), voir la fiche dédiée : Pourquoi créer une SCI ?

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